Vous avez été plusieurs milliers sur Instagram à suivre mes reels sur le Champagne : un grand merci à tous ! J’en tire la conclusion que le sujet vous intéresse. Alors, je vous propose d’explorer 6 questions faussement simples sur le vin saute-bouchon.
Que veut dire le terme « brut » qu’on voit souvent sur les bouteilles ?
« Brut » signifie que le vin est dans son état brut, c’est-à-dire peu ou pas sucré. Concrètement, cela veut dire qu’il contient une quantité de sucre se situant entre 0 et 15 grammes par litre. D’où ce sucre vient-il ? À la fin de la période de maturation, le vigneron effectue le dosage : c’est l’ajout de la liqueur d’expédition, un produit sucré qui va déterminer le style du vin en fonction de sa concentration. Le terme est mentionné sur l’étiquette pour indiquer au client à quel style de vin il peut s’attendre.
Le brut est aujourd’hui le style courant car il correspond à la tendance actuelle de déguster le Champagne en apéritif. Du temps de nos grands-mères, il était plus sucré, appelé demi-sec, et on le servait avec de la tarte aux fraises.
Mais pourquoi ajouter cette liqueur d’expédition, me direz-vous ? Pourquoi ne pas laisser le vin tel quel ? Ce cas existe : certains Champagnes bruts sont non dosés mais vous avez peut-être aussi déjà croisé des « zéro dosage » ou « bruts natures » qui, eux, ne reçoivent aucune liqueur. En fait, le dosage est un art. Je comparerais ça au vernis sur une toile de maître ou une patine sur un meuble : c’est la touche invisible qui apporte de l’éclat, fait jouer la lumière, révèle les harmonies et les contrastes. La liqueur apporte un fini au vin : s’il est bien exécuté, il le met en valeur sans se faire voir.
Combien y a-t-il de bulles dans une bouteille de Champagne ?
Devinez ? Pas une seule ! Dans une bouteille, le dioxyde de carbone est dissout dans le vin par surpression. Il n’y a donc pas de bulles. Au débouchage, la pression se libère et pousse le vin vers la sortie. Le gaz se fractionne et s’échappe en formant des milliers de bulles qui remontent à la surface. Question subsidiaire : combien y a-t-il de bulles dans un verre ? Si l’on compte depuis le versement jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de bulles du tout, on s’aperçoit que le dégazage prend un certain temps, ce qui permet à environ un million de bulles de se former.
Le Prosecco est-il le Champagne italien ?
Non, pas du tout. Certes, il s’agit de deux vins effervescents, mais c’est le seul point commun. La première différence tient au terroir : le Champagne vient de Champagne et le Prosecco, de Vénétie. Le climat est plus frais du côté de Reims que du côté de Vérone et pour la vigne, cela fait une belle différence. Les cépages, ensuite, ne sont pas les mêmes. En Champagne, on utilise le pinot noir, le meunier et le chardonnay : le trio permet d’obtenir des vins capables de passer une longue maturation. Côté Prosecco, on utilise la glera, une variété parfumée aux notes florales et fruitées que l’on veut retrouver telles quelles dans le verre. La troisième différence, vous l’aurez deviné, est la méthode d’élaboration. En Champagne, c’est la méthode champenoise, dite aussi méthode traditionnelle, qui prévoit une maturation sur lies de 15 mois au minimum pour les bruts. Pour le Prosecco, on emploie la méthode de la cuve close : elle permet d’obtenir de l’effervescence rapidement sans période d’élevage. Le vin garde donc son caractère de jeunesse quand le Champagne gagne une palette aromatique différente lors de la maturation.
Quel est le meilleur moment pour boire du Champagne ?
Actuellement, la plupart des Champagnes sont élaborés pour être bus à l’apéritif. Accompagnés de petites bouchées salées, c’est un délice. À ce propos, les gougères typiques de Bourgogne sont de parfaits alliés. Mais on peut aussi créer des accords avec les mets. C’est à la fin du XIXème siècle qu’apparaît le repas « tout au Champagne » dans les restaurants huppés de Paris. On le boit à grandes lampées, plus pour le fun que pour l’amour de l’œnologie, soyons réalistes.
Poissons, volailles, viandes blanches se prêtent bien à l’accord avec des Champagnes mais aussi la cuisine thaïe ou japonaise. Essayez un blanc de blanc (à base de chardonnay), un blanc de noirs (à base de meunier et/ou pinot noir) ou un millésimé.
On dit parfois qu’il vaut mieux un bon Crémant qu’un mauvais Champagne: est-ce vrai?
Ce n’est pas faux mais c’est comme si l’on disait qu’il vaut mieux manger des bonnes sardines que du mauvais maquereau : ce n’est pas comparable parce que, même si ça se ressemble de loin, ce n’est pas le même produit. Les Crémants sont élaborés dans plusieurs régions de France comme la Bourgogne, la Loire ou l’Alsace entre autres, avec des cépages locaux. La matière première n’est donc pas la même qu’en Champagne. Le temps de maturation sur lies est aussi généralement plus court : les vins sont donc plus légers et plus vifs. Il y a néanmoins de nombreuses exceptions et, en la matière, comme toujours, rien ne vaut l’expérience de la dégustation et de la curiosité personnelle !
Pourquoi y a-t-il des Champagnes à grosses bulles et à fines bulles (et comment s’assurer d’en avoir des fines) ?
De très sérieuses études scientifiques ont été menées pour répondre à cette question. Il s’avère que la taille des bulles dépend de deux facteurs principaux : la méthode employée et le temps de maturation. La méthode champenoise provoque une forte surpression dans la bouteille : les bulles seront donc plus fines que par une méthode à basse pression comme la gazéification (comme les sodas ou les eaux pétillantes, par exemple). Ensuite, plus le temps de maturation est long, plus le gaz est écrasé et plus les bulles seront fines.
En conclusion, choisissez un Champagne de bonne qualité avec si possible le conseil d’un professionnel, et vous aurez tout lieu de vous attendre à de fines bulles !